26 décembre, 2024

Tribune libre dans l’Opinion : « L’opposition n’est pas une fin en soi »

C’est à Emmanuel Macron « de prendre des initiatives qui prouvent qu’il a compris avoir été élu par des Français aux opinions différentes», estime l’ancien ministre de la Défense

On n’est pas obligé d’aimer personnellement le Président Macron pour souhaiter le succès de la France. Et de même, si l’on fait partie de ceux qui ont voté pour lui sans trop y croire, on doit d’abord et avant tout souhaiter le succès de notre pays. En un mot, les Français ne peuvent pas gâcher cinq ans pour la raison que beaucoup ont élu un Président sans éprouver de tendresse pour lui. Les déficits du commerce extérieur et ceux des finances publiques témoignent de nos incapacités collectives à tenir notre rang. Ils s’accumulent au détriment des générations à venir qui n’auront pas les moyens de financer leurs réussites.

©SIPA

Il y a trois objectifs à notre portée dont nous pouvons nous rapprocher en cinq ans, ensemble. D’abord, il faut donner l’élan à la décarbonation de notre industrie, de nos transports, de notre chauffage par un signal prix clair du CO² et une électrification massive. Le candidat a évoqué le nucléaire nouveau : cessons d’en parler, faisons-le ! Ensuite, la mondialisation peut être heureuse pour tous si la France engage la bataille de la formation, de l’éducation et surtout de la motivation. Il faut récompenser ceux qui font des efforts depuis l’école jusqu’à la retraite, une France qui veut la réussite plutôt que la « bonne conscience » indéfiniment payée par le contribuable. La mobilisation de tous commence par une large décentralisation pour stimuler les énergies locales. Enfin, il faut des finances publiques qui dégagent des excédents pour investir et non des déficits de fonctionnement qui nourrissent l’océan des dettes.

Si Emmanuel Macron veut réformer les institutions, chiche ! Le quinquennat et le calendrier législatif ont tué le Parlement et d’abord l’Assemblée nationale. Les partis politiques, traditionnellement en charge des élections, ont perdu leur rôle : plus d’autre médiation effective que les sondages et les manifestations. Rétablir la vie politique républicaine est une priorité absolue, tous en bénéficieront et d’abord le Président qui cessera d’être sollicité pour tout et n’importe quoi.

Perplexité. A la veille des élections législatives, et en qualité de simple sénateur Les Républicains, j’attends de savoir ce que propose exactement le candidat élu. L’opposition n’est pas une fin en soi. Elle ne se justifierait que si le Président se révélait hors d’état d’associer les Français au seul régime de l’approbation béate.

« Rétablir la vie politique républicaine est une priorité absolue, tous en bénéficieront et d’abord le Président qui cessera d’être sollicité pour tout et n’importe quoi »

Soyons francs, les difficultés qu’il rencontre pour gérer sa propre majorité laissent dubitatif sur sa volonté d’établir un quinquennat de réformes et de dialogue. Comme il dispose d’une majorité effective de nos concitoyens, c’est à lui de prendre des initiatives qui prouvent qu’il a compris avoir été élu par des Français aux opinions différentes qui se demandent avec perplexité, comment il va pouvoir respecter la diversité de ceux qui lui ont donné ce mandat compliqué.

Pour ma part, je souhaite qu’il aille à l’essentiel de ce que nous pouvons partager comme urgentes nécessités et surtout qu’il redonne vie à la dialectique d’une vie parlementaire représentative et d’un exécutif qui a la charge de l’essentiel sans vouloir, chaque jour, dire aux Français ce qu’ils doivent faire dans leur quotidien. Ce serait un bel héritage pour un deuxième et dernier mandat.

Gérard Longuet est sénateur LR de la Meuse et ancien ministre de la Défense.

Retrouvez cet article sur le site de l’Opinion en cliquant ici.