22 novembre, 2024

Restons solidaires pour défendre la Liberté

Liberte-Delacroix

Le plus dur reste à faire pour la France au lendemain de l’ignoble assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, des otages de l’Hyper Casher et des policiers frappés en service. La France doit tenir trois fronts distincts, mais totalement liés.

Le terrorisme en France en premier lieu. En la matière, c’est d’abord et avant tout une affaire de méthode, de suivi dans l’analyse, de détermination dans l’action, de fermeté et de continuité dans les décisions de justice. Sur ce front, l’opinion française est solidaire.

L’opinion française est le 2ème front, car une partie des Français manifestement ne reconnait pas aux autres le droit d’exprimer des idées qu’ils jugent saugrenues, inacceptables ou blasphématoires. Pourtant, la majorité de nos compatriotes, celle qui a défilé le dimanche 11 janvier, choisit de soutenir la formule de Voltaire « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». Sur ce front, il y a trois attitudes différentes. D’abord ceux qui acceptent la liberté des autres, fut-ce aux prix d’une irritation personnelle, d’un agacement réel et souvent d’une vraie colère,… mais exprimée par des arguments construits. C’est l’attitude Républicaine et je la partage.

La seconde attitude consiste à fixer au sein de la communauté nationale des lignes jaunes à ne pas franchir. Nous l’avons fait en ayant décidé, par la loi, que certaines prises de position ne sont pas des opinions mais des délits. Cette frontière a changé avec le temps. Elle existe dans la plupart des pays européens même si les tracés ne sont pas les mêmes. Le tracé de la frontière entre les opinions et le délit est le résultat de la volonté politique d’un pays. Beaucoup de Français aimeraient déplacer cette frontière. Pour nos compatriotes musulmans, la laïcité à la Française devrait protéger certaines convictions : aujourd’hui la représentation du Prophète, demain le Ramadan ? Les catholiques regardent ce mouvement avec perplexité : les chrétiens, et particulièrement depuis que  la République a séparé l’Eglise et l’Etat. Le paradoxe de la loi de 1905 est, qu’à quelques exceptions près, la France anticléricale, a presque disparu. Les chrétiens souffrent moins des caricatures des anti-calotards que des bouleversements de modes de vie, de la pilule à l’hyperconsommation.

Ce front interne est ainsi défini : devons-nous nous américaniser, le drapeau en avant, la main sur le cœur et un rigorisme affiché avec cependant la réalité des communautarismes, ou pouvons-nous rester républicains Français, c’est-à-dire tous différents, mais ouverts les uns aux autres, membres d’une seule et même communauté, celle que forment des citoyens décidés à défendre ensemble leurs singularités respectives, et elles sont nombreuses.

C’est ainsi qu’il peut y avoir la nostalgie de la France « Fille aînée de l’Eglise », mais aussi celle de la France « Liberté éclairant le Monde ». Parlons également de la France « des Trente Glorieuses » ou de la France « post soixante-huitarde ». Soldat de la Paix, en général celle de l’ONU, la France peut-elle intervenir par les armes contre le terrorisme et pour la liberté, sans adopter des valeurs que tous puissent comprendre au-delà de nos frontières ? Or, cela est manifestement difficile et c’est le troisième front.

Nous avons le devoir d’être profondément et passionnément Français. Entre 2007 et 2012, nous avons manqué le débat sur l’identité Française. Pourtant, il s’impose à nous, nous ne pouvons plus l’éviter, même s’il faut le conduire avec sagesse.

Nous ne pouvons plus l’éviter car la mondialisation nous l’impose. En son temps, la loi de 1905 n’a sans doute jamais soulevé le moindre écho hors de nos frontières. La couverture de Charlie Hebdo au lendemain de l’assassinat nous montre notre singularité dans le monde et même notre isolement. Nos alliés politiques et nos partenaires européens sont gênés et ne partagent pas notre sens de la liberté.

Des pays musulmans réagissent avec violence. En un mot, nous sommes isolés parce que nous sommes incompris. A cet instant, le choix est redoutable. Avec Poutine choisir le camp chrétien et considérer que seul le rapport de force peut fixer une frontière qui protège. Pour cette raison Poutine soutient Bachar el-Assad et l’Iran contre les Sunnites qu’il juge plus dangereux. Avec les Etats Unis, au contraire choisir une attitude pragmatique : leurs alliés ont raison à tous égards dès lors qu’ils respectent l’alliance, quelles que soient par ailleurs les règles qu’ils appliquent chez eux. Les féministes règnent à New York, mais les Etats Unis soutiennent des pays qui appliquent la charia ! Cette attitude ne les a pas mis à l’abri du terrorisme, le 11 septembre 2001 nous le rappelle bien cruellement.

Or, la mondialisation et la politique étrangère impactent directement notre société Française. En 1905, Rome et le Pape ne pesaient plus guère sur les choix français. Aujourd’hui, au contraire quelques bureaux de vote français suivent plus Gaza ou l’Emirat islamique que la commémoration de la Grande Guerre. A garder des prénoms venus d’ailleurs, nos compatriotes nous rappellent que leur citoyenneté est complexe. S’enrichir de nos différences dira-t-on ? Peut-être ? Mais savoir surtout que si l’actualité mondiale a répondu à ce qui se passait en France ces derniers jours, une bonne partie de ce qui se passe en France relève très directement à ce qui se passe dans le Monde.

Là encore, le débat entre Français s’impose ! Notre façon d’exister dans le monde rejaillira chaque jour plus dans notre vie nationale, sans que nous sachions ni vraiment en mesurer les impacts profonds, ni vraiment en fixer les effets immédiats favorables.

Hollande bénéficie d’un regain de popularité. Tant mieux s’il met cette autorité reconquise au service du seul débat qui vaille aujourd’hui : qu’est-ce qu’être Français dans la France et le Monde d’aujourd’hui ?

Notre situation est donc vraiment difficile et j’y vois une raison suffisante poru maintenir, sur ces sujets, l’esprit du 11 janvier.