Fête Nationale depuis le début de la IIIe République, en 1880 précisément, le 14 Juillet célèbre la Fête de la Fédération sur le Champ de Mars, le 14 Juillet 1790, qui associait autour du Roi Louis XVI, les Députés et d’immenses délégations venus des 83 départements de l’époque. Une messe et un serment du Roi à la Nation et à la Loi furent les éléments forts de cette rencontre.
Ainsi, reconnaissons que si le 14 Juillet est notre Fête Nationale, la Grande Révolution est bien le produit de notre histoire nationale toute entière. La France vient de loin, la connaître est nécessaire pour la comprendre. La comprendre pour l’aimer, ou à l’inverse et mieux encore la comprendre parce que l’on aime spontanément, le débat est éternel.
Et si l’Armée est fêtée le 14 Juillet, c’est bien parce que longtemps notre territoire fut menacé, même si, reconnaissons-le, longtemps c’est bien l’Armée du pouvoir central, capétien ou républicain, qui fédéra par la force et le feu notre territoire.
Mais en 1880, la France est amputée de l’Alsace et de la Moselle, territoires français depuis relativement récemment (1681 et 1766) et la guerre, sans être certaine, est jugée possible. Aussi, l’Armée – de conscription et de métier – est le symbole même de cette unité nationale, récente, mais très largement partagée. Lui rendre hommage par le défilé, c’est rendre hommage à l’unité nationale, œuvre du temps et de la volonté.
Cette année 2015, le CSA finance une campagne chaleureuse pour associer la diversité à la République. Bel effort, surprenant en raison des missions de cette haute autorité. Mais si cette ouverture est bienvenue, elle n’a de sens que par une adhésion de tous et des nouveaux comme des anciens, à une longue construction, issue de la force et de la volonté autant que de la rationalité et de l’adhésion librement consentie.
La France est un tout, ce ne sont pas des allées d’Hyper, où l’on choisit un peu, en écartant beaucoup.
Venue de loin, notre République ne peut méconnaître ses racines : elle est centralisée et non girondine, parce qu’elle est capétienne plus qu’elle n’est féodale. Elle est égalitaire parce que les citoyens sont des « frères », comme le sont les chrétiens, fils d’un même Dieu et appelés à être jugés par lui in fine en dignité et non en réussite. Elle est facilement sceptique et dubitative là où les autres pays, et d’abord la Grande démocratie Américaine, la première historiquement issue du monde moderne, ont surtout des certitudes : nous sommes les héritiers des grands aristocrates Voltairiens ou des émules du rationalisme Cartésien qui conduit plus facilement au doute qu’au puritanisme des uns ou à la bigoterie des autres pays.
La France s’étonne de ne pas être fédérale comme l’Allemagne, de ne pas être commerçante mais civique comme l’Angleterre, de ne pas être réaliste jusqu’au cynisme comme les Etats Unis, ou de ne pas maîtriser comme les politiques chinois la cooptation élitiste. Qu’elle regarde son histoire : derrière le 14 Juillet, il y a le rôle permanent dans notre histoire, d’une Armée, bras armé d’un état fort et centralisé. Le Général De Gaulle ne s’y était pas trompé en écrivant une histoire de France qui était sous l’apparence du titre « La France et son Armée » l’histoire d’un pacte séculaire où le civil et le militaire sont totalement imbriqués.
Mais c’est l’histoire même de notre pays qui est notre bien commun. L’enrichir ? Pourquoi pas. Mais d’abord le connaître, le comprendre et l’aimer. Car l’on ne construit que sur des fondations fortes qui dessinent toujours l’architecture. Sauf à vouloir imiter le Facteur Cheval dont le Palais ne peut être pour nous un modèle fait de bric et de broque sans lignes directrices.
Le 14 Juillet, Fête de la Nation, c’est d’abord la reconnaissance d’une volonté constante d’exister qui ne peut être dispersée sans appauvrir le monde moderne par la dissolution d’un acteur principal de sa réussite.