22 novembre, 2024

La démocratie parlementaire sera donnée par les élections législatives en juin prochain !

A la veille des élections législatives des 11 et 18 juin, beaucoup d’amis qui n’ont pas voté pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle me répètent deux formules au bon sens apparent :

  • « Il est élu Président, donnons lui sa chance », et donc ils veulent voter pour les candidats Emmanuel Macron qui n’existent sur le terrain que par le label présidentiel.

 

  • « La situation de la France est telle qu’il nous faut l’union nationale pour surmonter les efforts de modernisation à entreprendre. »

 

Les bons sentiments ne font pas pour autant les bonnes dynamiques d’action pour la France.

Oui les législatives ne sont pas la revanche des présidentielles, l’affaire est entendue pour nous Républicains. Le Président est élu, il l’est pour 5 ans et les Députés n’ont pas à le remettre en cause. Nous le savons et je le sais depuis 1986 : une législative ne remet jamais en cause la légitimité du Président élu, qui dispose d’ailleurs en cas de conflit, de l’arme de dissuasion absolue, la dissolution.

Mais il n’est pas vrai en contre partie que le Président nomme les Députés. Ce sont à ce jour les électeurs et les électeurs seuls, qui doivent les choisir. Or, les électeurs ont droit à la diversité, ils ont droit aux différences et leur respect pour le Président récemment élu ne doit pas entraîner un silence de leur part pendant 5 ans. Ils auront tout au long de ce mandat présidentiel, le droit de soutenir, d’approuver, de proposer, de douter parfois et de refuser le cas échéant. Le chèque en blanc n’est pas notre culture de citoyen.

Ce droit de tous les citoyens c’est aux Députés qu’ils auront choisis librement de l’exercer en leurs noms pendant 5 ans. Les Républicains entendent pendant 5 ans, porter la parole libre de leurs électeurs : soutenir souvent, combattre parfois, discuter toujours. Pour ma part, ma préférence va au « oui mais » de Giscard plus qu’aux « Godillots  qui se taisent ou démissionnent » selon la formule de Jean-Pierre Chevènement.

Donner sa chance au Président, assurément, mais renoncer au pouvoir législatif sûrement pas, alors que l’opinion Française rassemblée au 2ème tour a cependant marqué au 1er tour des différences légitimes qui réapparaîtront tout aussi légitimement au long des 5 prochaines années. Les institutions de la Vème République sont suffisamment solides pour que ces différences législatives ne paralysent pas la vie publique. Il faudra simplement que le Premier Ministre respecte les opinions Françaises en accordant un rôle principal à la première force, mais qui ne sera que la première force, pas la seule. C’est le rôle d’un Premier Ministre, construire une majorité.

L’union nationale pourquoi pas, mais à l’Allemande, en tenant compte au soir du 18 juin, du vote des Français. Et permettez-moi de le dire, de tenir compte de toutes les voix obtenues par ceux qui peuvent se parler parce qu’ils ont par exemple l’Europe en partage. Pour s’unir il faut être plusieurs. Le parti unique qui renvoie aux seuls extrémistes le rôle d’opposants ne résout rien. Il faut que le futur Premier Ministre parle aux uns et aux autres, et qu’il sache mettre en musique « politiquement » les lignes de forces voulues par le Président, mais dont la traduction législative relève des seuls Députés, et de la volonté des électeurs.

Cela s’appelle une démocratie parlementaire régulée par l’autorité Présidentielle. Sinon c’est la monarchie absolue – c’est-à-dire le pouvoir d’un seul – et aucun pays Européen ne l’adopte plus depuis Louis XV en France, Jacques II en Angleterre, Guillaume II en Allemagne et Victor Emmanuel en Italie par exemple. En tous les cas, pas de monarchie absolue pour le Général de Gaulle qui gouverna une alliance pour le renouveau de la France de 1958 à 1962. A contrario, il échoue en 1967 en raison d’une majorité sortante trop absolue. Trop rigide, le pouvoir présidentiel suscita les évènements de 68 et le rejet injuste de 1969.

Au XXIème siècle, il serait enfin temps d’apprendre ce que toutes les démocraties Européennes pratiquent : la vie parlementaire libre et responsable, voulue par l’opinion, régulée par le Président.

C’est la volonté des Républicains et du Centre, et d’eux principalement, dans ce rendez-vous législatif.