Tout est bon dans le rapport Gallois, il n’y a rien à jeter. Mais, malheureusement, tout ce qui est bon pour la France n’est cependant pas dans le rapport Gallois. Pour moi, il manque deux constats qui auraient d’une façon décisive donné un crédit total à son diagnostic d’ouverture sur la perte de la compétitivité française. Ces deux constats sont l’insuffisante durée de la vie active totale en France dont la durée hebdomadaire n’est qu’un aspect, et le niveau trop élevé des dépenses publiques de toute nature, état, collectivités locales, protection sociale.
Tout le reste est parfait, courageux, pertinent. Mais ces deux absences affaiblissent l’ensemble. Louis Gallois le sait d’ailleurs. Sur la durée du travail, en esquissant un nouveau pacte social, il montre qu’il veut changer les règles : il défend l’enseignement par alternance, il milite pour la cogestion, c’est-à-dire le partage de la culture économique de réalité. Mais il n’en dit pas plus, et sans doute ne pouvait-il pas le dire à cet instant.
Mais en co-gérant, salariés et patrons seront bien obligé de se confronter en même temps aux mêmes évidences. La manœuvre est donc bonne mais elle est trop lente, pas à la hauteur du besoin de choc qu’il évoquait lui-même.
Pour ma part, j’attends de l’UMP, demain, qu’elle adopte tout le rapport Gallois et qu’elle le précise dans le domaine du pacte social. Ce pacte a pour intérêt de construire les conditions du succès à partir d’évaluations communes au patronat et aux syndicats. Entente qui risque de ringardiser, je le souhaite, les positions politiques uniquement idéologiques.
C’est dans les entreprises et précisément à l’occasion des choix stratégiques de leur développement que patrons et salariés accepteront l’évidence : nous devons nous donner les mêmes chances que nos concurrents européens.
Le second constat concerne la maîtrise de la dépense publique qui est au cœur de la compétitivité. A quoi servirait la modération salariale – implicitement acceptée par Gallois – si les marges dégagées ne servaient ni à l’investissement, ni au développement commercial à l’export, parce que l’entreprise devrait payer de nouvelles charges ou de nouveaux impôts.
La dépense publique trop élevée est deux fois meurtrière : elle pénalise ceux qui travaillent et qui investissent car ce sont eux qui payent ; elle permet à des minorités coûteuses d’échapper au principe de réalité économique en s’abonnant à toutes les formes – innombrables – de subventions, toujours bienvenues de tous et toujours rapidement insuffisantes pour tous.
De plus, l’économie fonctionne selon la règle des vases communicants, il n’y a pas de secteurs exposés et de secteurs protégés de l’international ; tous communiquent entre eux et tous souffrent de l’excessive dépense publique.
Parmi les formes de dépenses publiques, il en est une très perverse que le rapport Gallois évoque avec raison, ce qui est une nouveauté bien utile : ce sont les dépenses imposées à nos compatriotes par les tenants de toutes les lubies et de toutes les phobies : lubie d’une énergie renouvelable systématisée sans considération de prix. Phobie du refus d’exploiter les richesses du sous-sol qui prive notre pays de dizaine de milliards d’euros de croissance. Le déficit énergétique doit être combattu et par l’économie d’énergie et par les énergies nouvelles. Ce ne sont que deux exemples, mais lubies et phobies ne doivent pas entraver le bon sens économique et générer des dépenses inutiles.
Au pacte social que propose à juste titre Louis Gallois, ajoutons un pacte-vérité : le prêt à penser, le convenu, le correct, le conformisme, ruinent ce pays parce qu’ils découragent les initiatives. Le pacte-vérité doit nous rappeler qu’en interdisant la création de richesses nouvelles l’autorité crée du déficit. La dépense publique c’est aussi ce que les pouvoirs publics interdisent pour créer des richesses nouvelles. Il en est ainsi, par exemple, de l’inflation des normes qui prétendent créer la perfection et qui en réalité introduisent la rareté.
Ce pacte-vérité, l’UMP doit le faire sien.
En ce début de XXIème siècle, on constate le retour de la Chine, qui était déjà, au début du XIX siècle, la première puissance économique mondiale ; mais elle a manqué la révolution industrielle, du XIXème siècle par conservatisme. Le néo-obscurantisme Français pourrait être aussi meurtrier. Louis Gallois l’évoque. Disons-le clairement la France aime le progrès, en accepte les risques et les désordres inévitables plutôt que l’illusion de tout maîtriser et en réalité de tout figer.
Remercions Hollande d’avoir commandé ce rapport. Remercions Ayrault en le galvaudant de nous le laisser en héritage comme le début d’un réalisme de gauche dont, de toute façon, la France ne pourra que se réjouir et qui facilitera notre alternance.