A la douzième minute, le débat sur Public Sénat.
Madame Najat VALLAUD BELKACEM dans son projet sur le collège, a, au moins deux fois, tort. Pour l’accessoire d’abord, le faux débat de l’élitisme contre l’égalité. Pour élever le niveau de tous, l’élitisme à l’école par le travail et la connaissance est un allié et non un adversaire, un succès de tous. Il faut accepter deux idées simples : les talents sont inégalement répartis, mais brimer la réussite des uns n’a jamais facilité le succès des autres.
C’est pourquoi un chef d’établissement doit observer à la fois les enfants, les parents, les enseignants et doit pouvoir en tirer des conclusions en matière d’organisation des cours. Il s’agit d’une simple procédure de bon sens : la diversité des situations commande la diversité des solutions, qu’il s’agisse du latin, des classes bi-langues et des filières bilingues. Les bons établissements drainent, il est vrai, les parents et les enseignants motivés. Mais aucun établissement n’est condamné à être mauvais. Il faut simplement qu’il soit responsable.
Or, il s’agit là de l’erreur principale de Madame VALLAUD BELKACEM : au lieu de pontifier et de pérorer sur les faux « intellectuels » et d’annoncer de fausses libertés, elle devrait accepter l’autonomie sincère des établissements d’enseignement. Ces derniers seraient placés sous l’autorité de ceux qui les financent, c’est-à-dire les élus locaux et nationaux, sous l’autorité de ceux qui assurent leur recrutement, c’est-à-dire les parents et de ceux qui assurent les débouchés, qu’il s’agisse in fine des employeurs ou plus immédiatement les niveaux de formation postérieurs : le collège pour l’école, le lycée pour les collèges, le supérieur pour le secondaire.
Déjà en France et dans le public, il existe un modèle assez réussi qui se rapproche de l’autonomie au service d’un projet : l’enseignement agricole. Pour moi, l’établissement est un lieu où les responsables devraient pouvoir se retrouver pour organiser la réussite de tous les élèves, les meilleurs stimulant les bons, les bons aidants par leur exemple leur solidarité les moins doués. La condition est que le chef d’établissement ait à la fois une autorité juridique et personnelle – issue d’un parcours confirmé – et le soutien des responsables, qu’ils soient les élus ou des utilisateurs. Pourquoi les élus d’abord : parce qu’ils votent les budgets locaux et nationaux et parce qu’ils assument par la sanction du suffrage universel, la responsabilité du succès ou de l’échec de l’établissement dans son territoire. Qui sont les utilisateurs : les responsables des cycles immédiatement postérieurs qui ont intérêt au succès de leur amont et les employeurs qui en seront les bénéficiaires.
De plus, dès le deuxième cycle du Secondaire, les établissements doivent par l’apprentissage et la formation permanente, s’ouvrir à l’extérieur sur le monde des adultes.
Il y a mille façons de réussir pour les élèves : chaque établissement doit définir ses objectifs de réussite et accepter d’être jugé selon la réalisation de son projet. La sanction en est pour l’établissement le choix de venir apprendre ou de venir enseigner chez lui plutôt qu’ailleurs.
L’éducation ne sera nationale que si le maillage des établissements, publics ou privés, retient dans son filet la quasi totalité de nos jeunes pour les conduire dans la diversité de leurs talents aux réussites individuelles et collectives, auxquelles ils peuvent raisonnablement prétendre.
Pour cela il faut bien connaître les élèves et seuls des établissements responsables, autonomes, enracinés et soutenus par leurs territoires peuvent y parvenir. Nous avons moins besoin de grand-messe ministérielle que de milliers de paroisses vivantes par la foi dans la réussite diversifiée des jeunes.