Aux portes de l’Europe des tragédies cruelles frappent des territoires avec lesquels des liens anciens nous relient et désormais nous en vivons directement les conséquences.
Opposer réfugiés politiques et immigrés économiques peut à court terme nous rassurer : aider les premiers, écarter les seconds. En vérité et pour le long terme la question est la même. Pouvons-nous être libres et prospères dans un environnement qui ne le serait pas ? Pour moi la réponse est claire et fondée sur la seule considération pratique, cela est impossible. Pour certains, il s’agit d’un fardeau moral ce qui est vrai. Mais, c’est surtout une nécessité de survie. Dans un monde ouvert, il n’y a pas d’autre sérénité que celle que donne une politique européenne soucieuse de son grand environnement, du Donetz au Mali en passant par la Syrie et la Libye.
La France le sait, mais pour avoir porté le fardeau si longtemps outre-mer, elle en mesure plus que d’autres la charge humaine, politique et accessoirement financière. L’Europe de la Guerre Froide avait pris l’habitude de la protection américaine. Idéale pour nos « bonnes consciences professionnelles », car il était facile de critiquer les impérialismes sans rien assumer, sauf un discours tiers-mondiste ou non aligné et parfois un sac de riz sur l’épaule.
Aujourd’hui, l’Europe est en première ligne. Au-delà de la vraie générosité de Madame MERKEL, je demande que l’Europe réponde à ces trois questions : jusqu’où sommes-nous géographiquement impliqués, qui sont nos alliés et qui sont nos adversaires, et enfin acceptons-nous l’usage de la force, la nôtre bien entendu, celle de nos armes ?
Il n’y aura pas de paix, et d’abord de paix des consciences en Europe sans la responsabilité assumée de la paix et du développement à nos « marches ». Voilà un bel enjeu et un bel idéal, sinon à 28, du moins pour ceux des pays qui ne veulent pas seulement subir les diverses folies et faiblesses des « marches » mais concevoir, mettre en œuvre et soutenir une paix européenne élargie et partagée. L’Europe pour ne pas être assiégée par la violence et la misère doit accepter une responsabilité qui n’est plus celle d’un petit bonheur abrité. Pour cela, il y a un prix politique, il faut décider, il faut s’engager, il faut surtout tenir dans la durée et pas seulement dans l’instant. Un prix financier, et surtout un prix humain pour des civils, privés ou publics sacrifier des années de travail loin de chez eux et plus rude encore, sacrifier des vies pour nos forces armées. A ce prix notre bonheur européen – relatif mais réel – trouvera tout son sens, exemplaire et partagé.