3 décembre, 2024

MACRON : le Miroir aux alouettes – 2ème épisode de la Saison 1

Pas plus que les bons sentiments suffisent à faire une bonne littérature, ils ne suffisent à faire une bonne politique. M. Macron vient de le démontrer avec son projet de réforme des retraites, présenté au nom de l’égalité. Son architecture emprunte à la droite une conception que l’UDF avait mise à son programme, la retraite par points, appelée parfois « Compte Notionnel ». Ce serait une performance que le chouchou de la gauche bien pensante fasse accepter une réforme libérale que Jean Arthuis ou Alain Madelin avaient défendue sans parvenir à la mettre en œuvre.

Il y a une raison majeure : si la délivrance de points obtenus en contrepartie de cotisations versées est un système unitaire, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il fonctionne d’une façon réversible : les points obtenus ne garantissent rien d’autre que d’obtenir une part prévisible de l’enveloppe globale résultant de tous les cotisants. Mais le prix d’achat du point peut varier, tout comme le retour en termes de revenu qu’apporte le point acquis.

En un mot, s’il y a moins de cotisants que de bénéficiaires, les bénéficiaires voient la valeur du point diminuer, ou alors l’achat du point devient prohibitif.

Ce régime existe en France, c’est celui de la CNRACL, la Caisse de retraite des contractuels des collectivités locales, à laquelle sont rattachés les élus.

Depuis 20 ans, les effectifs de salariés des collectivités locales n’ont cessé d’augmenter. Il y a donc une bonne valeur du point, pas trop cher à acheter et rapportant convenablement. Mais demain si les effectifs se stabilisent ou réduisent, la valeur du point diminuera. M. Macron oublie de le dire. Même si l’on mutualise au niveau national le système à points il faudra, pour maintenir le pouvoir d’achat des retraités, en raison de l’allongement de la durée de la vie, revenir à la borne de 65 ans pour les départs et réfléchir par l’apprentissage à débuter plus tôt à travailler, y compris pour les techniciens et cadres.

L’intérêt du compte à points est réel, nous l’avons défendu et nous pourrions le défendre, mais il n’évite pas cette épreuve de vérité que nous avons eu le courage d’affronter quand l’équilibre actif-retraite se dégrade, il faut envisager de travailler plus longtemps pour ne pas diminuer les retraites et ne pas écraser les actifs de cotisations trop fortes.

Le système à points est aussi un système parfaitement variable qui n’est en rien une capitalisation, chacun comprend qu’il s’agit d’une retraite aléatoire, égalitaire en raison de la valeur du point, mais évidemment parfaitement instable en fonction du nombre de cotisants. En s’arrêtant de cotiser parce qu’ils estimeront bénéficier d’une retraite suffisante, les mieux dotés ralentiront les ressources et la valeur du point diminuera, ce qui pénalisera d’abord ceux qui pour mille raisons ont moins de points. Seule la capitalisation – sous réserve d’une réussite des placements – garantit la stabilité des revenus. Mais elle ne permet pas de solidarité, en partie nécessaire pour mettre les actifs de tels ou tels secteurs à l’abri d’évolutions économiques majeures. La seule vraie sécurité réside dans le maintien d’un rapport favorable entre actifs et inactifs.

J’ajoute enfin qu’il convient de savoir qui achète les points : le salarié tout seul, le salarié et son employeur, l’indépendant, mais lui forcément tout seul. Oublier l’essentiel, la durée globale du travail et survoler les modalités montrent ce que vaut le programme de Macon, un miroir aux alouettes dont la pérennité de consommation se limite au premier tour de la Présidentielle. Bluffer 5 semaines pour ne rien faire pendant 5 ans. Car pour payer les retraites sans tuer l’emploi par les charges, les points n’éviteront pas de travailler jusqu’à 65 ans.