La France et les Etats Unis pour une fois d’accord en économie, c’est un évènement historique ou presque que signale la Presse économique, ce matin, 4 novembre.
Mais sur quel projet ou pour quelle ambition se rapprochent ces deux pays si différents ? Une liberté des échanges sur l’Atlantique nord ? Un soutien coordonné pour les pays les plus pauvres ? Un rappel à l’ordre à la Chine pour sa monnaie le Yuan ? Ou un cessez le feu dans la course aux ventes d’armes ? J’imagine même un transfert de technologie pour aider la France à exploiter ses ressources en carburant non conventionnels ?
Non, pas du tout, il s’agit d’adresser la même critique à l’Allemagne : la réussite allemande est insupportable à ces deux économies qui accumulent, elles, dettes et déficits.
Passe encore pour les Etats Unis qui ont à se faire pardonner des écoutes indiscrètes, y compris du portable de la Chancelière Allemande Angela Merkel. Pour eux, la meilleure défense, c’est l’attaque.
Mais nous qui bénéficions, grâce aux réussites allemandes, de taux d’intérêts modérés pour financer notre endettement, nous pouvions cesser, une bonne fois pour toute, d’être des donneurs de leçons car la réussite allemande est au service de l’Europe.
Un ralentissement de ses excédents ou un développement de ses dettes ne nous servirait en rien, sauf à penser que l’objectif est à la fois la baisse de l’Euro – agréable à très court terme – et donc la hausse des taux, ruineuse pour notre dette publique.
Certes, 60 % des excédents commerciaux allemands sont réalisés en Europe. Plus qu’une autre nation européenne, l’Allemagne a besoin de la réussite de l’Europe en général et de l’Europe du sud en particulier.
Doit-on pour autant lui reprocher d’avoir financé, via l’Europe, les infrastructures espagnoles et les fonctionnaires grecs ? C’est le problème de la Commission ou des Conseils Européens, deux institutions auxquelles la France a tout aussi accès.
Mais les 40 % restant de l’excédent sont réalisés dans le monde entier y compris en Chine.
Alors pourquoi saborder la locomotive qui nous reste en Europe. Efforçons-nous de la compléter et de l’égaler à terme plutôt que lui reprocher de nous faire bouger dans nos habitudes, ce qui implique, il est vrai, des secousses.
La France préfère sans doute les voies de garage, plus tranquille pour contempler sa gloire passée. Les Etats Unis craignent une Allemagne qui réussit car elle donne un exemple à l’Europe, celui du succès par l’effort. Ce sont 17 Allemagne qu’il nous faudrait dans la zone euro. Alors, nous pourrions parler d’égal à égal avec les Etats Unis et la Chine.
Plutôt que de pleurnicher sur l’égoïsme d’un pays qui a réussi largement sa réunification et dont les excédents – ce sera mon seul reproche – nous ont trop longtemps permis de financer notre refus de l’effort, songeons à les rattraper. Ils l’ont fait de 92 à 2008, donnons-nous 5 ans pour y parvenir à notre tour.